Atteindre l’égalité, ça devient possible si on trace une ligne d’arrivée.
Ligne d’arrivée pour l’égalité
On croit que toutes les personnes qui accueillent un nouveau-né ne devraient pas être pénalisées financièrement.
Les personnes qui donnent naissance, majoritairement les femmes, subissent une pénalité financière de la grossesse à la retraite.
Éliminer la pénalité financière
On ne se sauve pas de la pénalité à la maternité.
Pensons au RQAP qui appauvrit ou encore à la Loi sur les normes du travail qui ne reconnaît pas de congés payés pour les suivis de grossesse.
Ou aux droits REER qu’on retire pendant le congé parental ou la cotisation au régime de retraite du Québec (RRQ) qui ne s’accumule pas selon notre plein salaire habituel.
« Il ne faut pas perdre de vue que la mise au monde d’un enfant signifie encore pour la plupart des femmes une espérance de revenu plus faible au cours de la vie. »
Étude CIRANO 2020
- 20% revenus durant la grossesse
- 55% revenus durant le congé parental
Figure 7 : Trajectoire de revenus d’emploi des mères et des pères au Canada. Connolly, Marie, Fontaine, Marie Mélanie et Haeck, Catherine. 2020. Les politiques familiales du Québec évaluées à partir des trajectoires de revenus d’emploi des parents et des personnes sans enfant. Montréal: CIRANO, p.63.
Étude CIRANO
On ne se sauve pas de la pénalité à la maternité. Même en comptabilisant les revenus totaux, soit les revenus liés au capital (intérêts, gains en capitaux), les loyers, les prestations et toute autre source de revenus, la grossesse et la naissance encaissent une baisse de revenus de plus de 20 %.
Figure A4 : Trajectoire de revenus d’emploi des mères et des pères. Connolly, Marie, Fontaine, Marie Mélanie et Haeck, Catherine. 2020. Les politiques familiales du Québec évaluées à partir des trajectoires de revenus d’emploi des parents et des personnes sans enfant. Montréal: CIRANO, p.101.
Inspiré du gouvernement du Québec
Grâce aux syndicats, le gouvernement du Québec reconnaît déjà la présence de la pénalité à la maternité à travers les conventions collectives qu’il signe avec les personnes employées par l’État.
Il offre 5 congés payés pour suivis de grossesse, en plus de compenser le salaire pendant le RQAP de la manière suivante :
95 % pour médecins résidents
93 % pour la police
88 % pour les profs
En plus de nombreux autres avantages liés au deuil périnatal et au financement du régime de retraite.
Le témoignage de Lou
En raison d’une grossesse à risque, Lou estime à 100 heures le temps d’absentéisme à son travail en raison des rendez-vous médicaux prescrits à toutes les semaines en périnatalité. Son employeur lui permet de reprendre à l’extérieur des heures de bureau régulières. En début de grossesse, en raison de la fatigue, Lou choisit d’abandonner la prime de 400$/mois qu’elle obtient en échange d’une disponibilité 24h/7 pour répondre aux besoins des clients. Cumulé sur neuf mois, le revenu de Lou diminue de 3 600$ dans l’année précédant la naissance.
En congé parental, Lou a opté pour le régime de base du RQAP. Elle a perdu entre 30%-45% de son salaire pendant un an.
Les témoignages de Sam et Maude
Ostéopathe, Sam a droit au retrait préventif à 24 semaines, car la clinique santé où elle loue son local charge des frais CNESST sur son loyer. Compensée par la CNESST à 90%, Sam encaisse une perte de 10% de salaire dès la 24e semaine de grossesse. Puis, à partir de la 37e semaine, c’est une perte de revenus de 30% et ensuite 45% pour le congé parental.
Aussi ostéopathe, Maude ne paie pas de frais CNESST et n’a pas droit au retrait préventif. Maude diminue le nombre de patients qu’elle voit par semaine pour des raisons de santé. Maude calcule qu’elle a renoncé à un revenu de 2 375$ durant sa grossesse. C’est ensuite une perte de revenus de 30-45% qu’elle a encaissé pendant son congé parental d’un an.
Le témoignage de Marjorie
Lors de son deuxième congé de maternité, Marjorie a été mis en retrait préventif de son emploi et elle a reçu de son employeur une paie pour ses journées-maladies non-utilisées. Cette paie a fait porter à 16 semaines le calcul de son revenu, rendant Marjorie inéligible à l’article 31 qui établit à 15 semaines le seuil maximal dans le cas de grossesses rapprochées. Habituellement, le régime de base RQAP couvre 70% et 55% du salaire. Dans le cas de Marjorie, ses prestations ont été établies à 58% et 38% de son salaire pendant un an.
Le témoignage de Lucie
Anna, professeure au primaire, bénéficie de conditions avantageuses grâce à la compensation offerte par le gouvernement du Québec. Cependant, à la fin de son congé parental, elle se retrouve sans revenu pendant l’été. Pourquoi ? Comme professeure, sa rémunération estivale dépend de ponctions $ effectuées tout au long de l’année scolaire. Comme Anna a accouché au mois de mai, les ponctions n’auront lieu qu’en mai et juin sur son salaire. Même avec un bon emploi, la maternité demeure pénalisante.
À propos
Ligne d'arrivée est initiée par Élizabeth Brosseau et rejoint par Amélie Mongrain, avec en tête la mission d'atteindre en partie l’égalité en adressant la trajectoire de vie des personnes qui enfantent, soit majoritairement les femmes, ainsi que des parents. Ensemble, nous voulons créer une discussion ouverte au Québec, afin que des actions concrètes s'opèrent pour éliminer la pénalité à la maternité et à la parentalité.
Initiée au printemps 2024, Ligne d’arrivée est un projet soutenu par l’Incubateur civique de la Maison de l’Innovation sociale depuis janvier 2025.
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